Le rapport sur l'immobilier public de demain
Face aux mutations accélérées par la crise sanitaire, l’État repense son immobilier tertiaire public. La direction de l’immobilier de l’État (DIE) propose, à travers ce rapport, des pistes pour concevoir des espaces plus flexibles, résilients et adaptés aux nouveaux modes de travail, tout en garantissant la qualité de vie des agents et l’accueil des usagers.
Une réflexion lancée dans un contexte inédit
En 2020, la direction de l’immobilier de l’État (DIE) a initié une réflexion de fond sur l’immobilier public de demain.
Cette démarche, engagée en pleine crise sanitaire, allait au-delà des aménagements réalisés dans l’urgence et des analyses à chaud. Elle visait à penser sur le long terme la manière de concevoir des espaces de travail publics plus adaptables et plus résilients.
Conduite en interministériel, cette réflexion a mobilisé les grands acteurs publics, des experts académiques et des praticiens du secteur immobilier. Les regards croisés en organisation du travail, management, numérique, santé et sécurité, prévention des risques psychosociaux, architecture et sociologie ont permis d’apporter aux décideurs publics un éclairage précieux sur les évolutions nécessaires de l’immobilier tertiaire public.
Constat et enjeux
La crise sanitaire a accéléré des transformations déjà en marche :
- développement du télétravail
- nouveaux modes de travail
- exigences renforcées en matière de santé, de confort et de qualité de vie au travail.
L’État devait s’adapter pour répondre à ces défis tout en assurant la continuité de ses missions de service public.
Pour cela, des groupes de travail mêlant communauté interministérielle et experts-chercheurs externes ont analysé :
- l’impact du télétravail sur l’organisation et les espaces
- la conception d’espaces plus modulables
- le recours aux tiers-lieux
- les enjeux de management, de transformation publique et de numérique.
Une démarche collaborative
La réflexion a reposé sur un travail collectif, associant analyse de terrain et expertise scientifique.
L’objectif : définir des orientations stratégiques et opérationnelles pour un immobilier public plus agile et mieux adapté aux besoins des agents et des usagers.
Les recommandations
Les travaux de la DIE ont débouché sur un rapport de propositions, présenté lors des Rencontres autour de l’immobilier public de demain.
Ce rapport formule des pistes concrètes pour :
- adapter les espaces aux différents modes d’organisation
- optimiser l’utilisation des surfaces
- renforcer la qualité de vie au travail
- intégrer pleinement les outils numériques aux environnements de travail.
Interroger les différents usages pour concevoir des espaces différenciés et adaptésdes espaces
- pour le travail individuel : bureaux cloisonnés individualisés, relativement compacts ou box ouverts
- pour le travail collectif, créer des espaces de collaboration (salles de réunion, de formation, « labs »)
- pour le travail individuel et collectif : aménagements spécifiques pour faire cohabiter des activités de concentration et interactions
- pour préserver et renforcer l’appartenance par la convivialité (espaces de vie communs, accessibles avec une ambiance chaleureuse, peu conventionnelle)
Appréhender l’ensemble des éléments qualitatifs du cadre de travail individuel et collectif
- Assurer ou déployer des outils et équipements numériques pour le plus grand nombre.
- Offrir un cadre de travail confortable et soigné : confort acoustique, confort thermique, salubrité de l’air, luminosité adaptée, qualité de l’ameublement.
- Inclure la qualité de l’environnement immédiat du bureau : accès à des espaces extérieurs, facilités de transport, commerces, services.
Aller vers un immobilier résilient afin de l’adapter aux évolutions d’usages et/ou d’organisation
- Privilégier les bâtiments dont les architectures offrent des possibilités de modularité : structures poteaux / poutres pour une structuration en plateaux, faux planchers et faux plafonds pour les réseaux techniques, faible épaisseur permettant une garantie la pénétration de la lumière naturelle, etc.
- Adopter des aménagements modulaires facilitant le passage d’une posture de travail à une autre : travail individuel, différents modes de travail collaboratif, y compris à distance.
Optimiser l’affectation des surfaces mobilisées
- Identifier de manière exhaustive les surfaces peu ou pas utilisées : dégagements, circulations, archives à dématérialiser, etc.
- Inclure ces surfaces dans le plan de réaménagement global, notamment dans la perspective d’y créer des espaces collaboratifs et de convivialité.
- Adopter une approche globale par la SUB et non plus par le critère de la SUN / porter cette variable et différencier l’analyse en fonction de la typologie des surfaces.
Conduire et accompagner le changement à travers une démarche participative
- Sponsoring du « top management »
- Mise en place d’une équipe projet pluridisciplinaire en mode projet
- Démarche fondée sur l’association, la concertation et la co-construction
- Accompagnement des managers à maîtriser des rôles d’ouvrages
- Mise à disposition d’outils : chartes, outils de com’ interne, formation
- Dialogue social tout au long du projet
- Phasage du projet : études, expérimentations, généralisation
- Evaluation et retour d’expérience (sondages auprès des utilisateurs)
S’appuyer sur les expérimentations en cours
- Expérimentations de nouveaux espaces de travail par le ministère de la Justice.
- Expérimentations d’espaces de travail par le ministère de la Justice et le ministère des Armées en lien avec la DITP et la DINUM
- Si possible, accompagnement, par la DIE elle-même des nouveaux espaces de travail.