Des parkings perméables et des ombrières en bois : en Corse, l’État mise sur l’immobilier durable

Le 05 juin 2025

À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, nous avons rencontré Anthony Tedde, coordinateur énergie immobilier pour l’État en Corse. Il nous fait découvrir trois projets exemplaires menés par les services de l’État dans la région : désimperméabilisation des sols, récupération des eaux de pluie, végétalisation et production d’énergie solaire… autant d’actions concrètes qui montrent comment le patrimoine immobilier public peut devenir un levier de la transition écologique.

Dans le cadre de la démarche Services publics écoresponsables (SPE), la mission régionale de la politique immobilière de l’État (MRPIE) et le secrétariat général pour les affaires de Corse (SGAC) ont lancé en 2024 plusieurs aménagements pilotes à Ajaccio. Financée par le fonds vert de l’État, cette démarche témoigne de l’engagement de l’État pour un immobilier plus sobre, plus résilient, plus durable.

 

Anthony Tedde

 

Anthony Tedde pilote la transition écologique des bâtiments de l’État en Corse depuis 2023. En 2024, il a coordonné trois projets ambitieux de désartificialisation dans le cadre du programme SPE, mêlant expertise technique, suivi administratif et accompagnement des acteurs locaux.

 

Quels types de travaux ont été réalisés ?

Les projets menés intègrent cinq volets majeurs : la désimperméabilisation des parkings, la biodiversité grâce à la renaturation, la récupération des eaux de pluie pour l’arrosage ou le lavage des véhicules, le pré-équipement des parkings pour la recharge de véhicules électriques, et enfin la pose à venir d’ombrières photovoltaïques en bois biosourcé. Cette approche globale permet d’éviter les incohérences en anticipant les impacts sur l’environnement, l’usage des sites et les besoins énergétiques.

Quels sites ont été concernés ?

Trois sites à Ajaccio : la direction régionale des affaires culturelles, la gendarmerie d’Aspretto et le cantonnement CRS. Au total, 5 835 m² ont été réaménagés, dont 3 460 m² rendus perméables, favorisant l’infiltration des eaux pluviales. La DRAC est en centre-ville, un enjeu pour gérer les eaux pluviales lors d’épisodes cévenols. Les deux autres sites avaient des surfaces importantes, permettant une intervention rentable et fonctionnelle pour les services de sécurité mobilisés notamment lors de grands événements.

« Ces interventions s’inscrivent dans une approche globale anticipant les impacts environnementaux, les usages et les besoins énergétiques futurs. »

 

 

Quels sont les impacts environnementaux ?

Les projets intègrent les obligations de la politique immobilière de l’État : perméabilité des parkings dès 1 000 m², ombrières photovoltaïques au-delà de 1 500 m². Les solutions adoptées comme les matériaux filtrants, la renaturation avec des essences locales, l’installation de systèmes de récupération d’eau permettent de réduire la consommation en eau, les émissions de gaz à effet de serre (GES) et favorisent la biodiversité. La recharge solaire des véhicules permettra d’atteindre les objectifs de -25 % d’énergie et -22 % d’émissions de GES d’ici 2025.

Et pour les agents et les usagers ?

Les aménagements conjuguent confort et sobriété : stationnements mieux organisés, circulations sécurisées, végétation rafraîchissante l’été, et une architecture pensée pour durer. L’implantation d’ombrières, pour lesquelles nous sommes en attente de financements, permettra aussi de protéger les véhicules et d’optimiser les consommations énergétiques.

Quels acteurs ont été mobilisés ?

C’est un projet collectif : secrétariat général aux affaires régionales (SGAR), direction interministérielle de la transformation publique (DITP), ministère de l’Intérieur (DEPAFI, dont sa mission développement durable, et SGAMI), gendarmerie, collectivités, entreprises… Tous ont œuvré malgré des contraintes fortes : délais courts, sites en activité, aléas de livraison maritime. Le fonds vert a permis de financer l’essentiel, tandis que d’autres sources comme le programme 723 dédié à l'immobilier de l'État ou des budgets internes, tels que ceux du ministère de l’Intérieur, ont complété le montage.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

Oui, comme pour tout projet immobilier d’ampleur. Par exemple, la découverte d’une ancienne piscine en béton sous le parking de la DRAC ! Il a aussi fallu composer avec un calendrier très resserré et des livraisons maritimes sensibles. Le maintien en activité des sites a exigé une logistique fine pour garantir la sécurité des agents et des usagers.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Nous cherchons actuellement des financements pour réaliser les ombrières photovoltaïques en autoconsommation qui n’ont pu être financées par le fonds vert. Deux ombrières prévues sur un site de gendarmerie permettraient à elles seules d’éviter plus de 1 600 tonnes de CO₂ sur 20 ans. Par ailleurs, d’autres actions sont prévues en 2025 : suppression des dernières chaudières fioul, rénovation des systèmes de chauffage et installation d’un système de récupération d’eau de pluie à la gendarmerie destiné au lavage des véhicules sans utiliser d’eau potable. 

En conclusion ?

Notre démarche repose sur trois piliers : des projets adaptés au territoire dans une logique de transition écologique, des solutions pragmatiques améliorant aussi la sécurité et le confort, et des actions intégrées prenant en compte les contraintes budgétaires, logistiques, humaines et organisationnelles pour garantir leur succès durable.

 

En chiffres

 

En images

La gendarmerie d'Aspretto, pendant les travaux

Le site de la gendarmerie d'Aspretto, pendant les travaux.

Le chantier de la gendarmerie d'Aspretto

Le chantier de la gendarmerie d'Aspretto

Le cantonnement de CRS d'Aspretto pendant les travauxLe cantonnement de CRS d'Aspretto, à Ajaccio.

Le cantonnement de CRS d'Aspretto

 

Le site de la DRAC d'Ajaccio, avant et après travaux.

 

 

Pour aller plus loin

La désartificialisation vise à rendre un terrain à la nature, tandis que la désimperméabilisation permet à l’eau de pluie de s’infiltrer, favorisant la biodiversité même sur des sites en activité. Via son objectif de zéro artificialisation nette, l’État s’est engagé à désimperméabiliser 150 000 m² de parkings d’ici 2027, contribuant à la renaturation, à la dépollution des sols et à une réduction de 15 % de la consommation d'eau.

 

 

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